Gio 211
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Si celle des autrichiens est meilleure, je vois pas en quoi il a fait avancer la théorie de la valeur, vu que celle des autrichiens est radicalement différente et bien plus proche de celle de Say...
Tout ceci est d'une importance capitale quand on sait que pour Bastiat, l'économie n'est qu'une longue explication de la valeur...
Femme BalaMasa Abl10402 EU Bas ABL10402 5 37 Beige Sinon :
Chez Bastiat, la propriété joue un rôle essentiel non seulement pour critiquer l'Etat, mais également comme fondement de la théorie de la valeur. Le malheur a voulu que quasiment toutes ses vues sur la relation entre propriété et valeur se trouvent dans son œuvre inachevée ( les Harmonies économiques - en particulier les chapitres traitant de l'échange, de la valeur et la propriété ), à laquelle il travaillait encore lorsque la mort l'a emporté, et qui en conséquence est marquée par un style hâché, fiévreux, comportant de nombreuses répétitions sur quelques points qu'il considérait comme cruciaux pour ses arguments.La première chose à remarquer est que Bastiat limite son analyse de la valeur à des phénomènes de marché. Lorsqu'il parle de "valeur", il se réfère à un rapport d'échange établi sur un marché. Ainsi, dès le départ, son champ d'analyse est plus restreint que celui de l'analyse marginaliste moderne fondée sur le concept d'utilité, où l'on utilise la notion de "valeur" dans un sens complètement différent. Il ne faut pas en déduire pour autant que cette différence dans la terminologie jouerait au détriment de Bastiat, ni qu'elle établirait la présence d'une contradiction entre sa théorie de la valeur et la théorie moderne de la valeur.L'idée centrale de la théorie de Bastiat est que la valeur n'est autre que l'expression, dans un échange de marché, d'un rapport entre des services humains. Maintes et maintes fois il ne cesse de répéter que la valeur n'est autre que le rapport entre deux services échangés sur un marché, et, de plus, que seuls les services humains peuvent avoir une valeur, alors que les services rendus par la nature ne sauraient jamais qu'être gratuits.Ces définitions semblent difficiles à réconcilier avec la théorie moderne de la valeur qui explique les prix de marché en termes de choix des consommateurs. Mais nous verrons que la théorie des services et de la valeur chez Bastiat est liée aux prix de marché d'une manière qui n'est absolument pas couverte par la théorie moderne de la valeur. Qui plus est, nous verrons que la théorie de Bastiat non seulement est parfaitement correcte en ce qui en concerne le principe, mais aussi qu'elle procure le chaînon qui manquait entre, d'un côté, la théorie économique moderne de la valeur et des prix, et, de l'autre, la théorie libertarienne de la propriété.Pour bien comprendre la théorie de la valeur chez Bastiat il importe de réaliser qu'il utilise le mot "service" dans un sens différent de celui que l'on trouve dans la science économique contemporaine. Il s'agit de services "humains", c'est à dire d'actions humaines entreprises "au service" d'autres hommes. A ses yeux, l'économie politique est la science de l'action humaine, et elle doit donc se " fonder sur les manifestations de notre activité, sur les efforts, sur les services réciproques qui s’échangent parce qu’ils sont susceptibles d’être comparés, appréciés, évalués, et qui sont susceptibles d’être évalués précisément parce qu'ils s’échangent. " Au contraire, les besoins et les satisfactions sont des concepts totalement inappropriés pour servir de fondements à la science économique parce qu'il s'agit de phénomènes intrinsèquement liés à la conscience de chaque individu, et donc de nature incommensurable.Bastiat explique également - et c'est au moins aussi fondamental - qu'on sert les autres non seulement en entreprenant des actions immédiates, ou des actions qu'on compte entreprendre demain, mais également grâce à des actions dont certaines peuvent remonter loin dans le passé. Ainsi, un service ne consiste pas seulement à couper les cheveux de quelqu'un d'autre, en tenir les comptes, ou lui donner une leçon de piano; on ne rend pas moins service à quelqu'un lorsqu'on lui transfère la propriété d'un morceau de terrain que l'on mis en valeur de ses propres mains, ou lorsqu'on lui donne un gâteau qu'on a fait cuire soi même. Dans le cas de la terre et du gâteau, le service rendu ne vient pas seul, il est en quelque sorte "incorporé" à la ressource naturelle que l'on a transformée.L'usage de ce vocabulaire n'est certes pas commun, mais il n 'est certainement pas impropre. Aujourd'hui, nous sommes habitués à parler de "services" au sens plus restreint d'un travail rendu qui peut être évalué et faire l'objet d'un prix indépendamment des facteurs de production complémentaires qui ont été mis en œuvre pour rendre le service. Par exemple, le travail d'une secrétaire est considéré comme un service en soi, indépendamment du stylo ou de l'ordinateur qu'elle utilise. Du point de vue de Bastiat, la contribution qu'apporte chacun de ces facteurs de production fait partie du "service" : la secrétaire apporte le service de son travail, celui qui a fabriqué et vendu le stylo apporte également son service, de même que le constructeur de l'ordinateur acheté par l'entrepreneur qui emploie la secrétaire. A l'inverse, cet entrepreneur rend un service à chacun des précédents en leur cédant de l'argent en échange des services qu'ils lui apportent. Il est donc parfaitement justifié d'assimiler les échanges de biens, comme le fait Bastiat, à des échanges de services.Ce qui est important dans cette manière de définir l'échange est que cela nous rapproche considérablement de la théorie Rothbardo-Lockienne de la propriété et l'appropriation. Selon la théorie lockienne de l'appropriation - qui était la théorie standard à l'époque de Bastiat - on ne devient propriétaire d'une terre que dans la mesure où on l'a transformée et mise en valeur par son labeur. Lorsqu'on la vend à quelqu'un d'autre, on échange en quelque sorte ses actions passées - c'est à dire, pour parler comme Bastiat, ses services produits dans le passé - contre un prix en argent qui est lui même nécessairement le produit d'autres actions, ou de services passés, incorporés à d'autres ressources naturelles. La théorie de la valeur selon Bastiat n'est ainsi qu'une application systématique et pleinement cohérente, à la théorie économique, de l'insistance de Locke à lier l'origine de la propriété à l'action humaine.Les économistes de tradition autrichienne comme Mises (1985), Rothbard (1993) et Hoppe (1989, 1993) ne perdent jamais une occasion d'insister sur le fait que l'échange et les prix sont fondés sur la propriété. On n'a jamais vu, insistent-ils, des choses qui s'échangent les unes contre les autres, comme dans le modèle walrassien de l'équilibre général; il n'existe d'échanges qu'entre êtres humains, et il n'y a pas d'échanges qui ne correspondent à un échange de droits de propriétés. Par exemple lorsque Pierre échange sa pomme contre la poire de Paul, cela implique que la pomme appartienne bel et bien à Pierre et que la poire de Paul soit bien la sienne, sinon il ne pourrait pas faire l'échange. L'analyse de Bastiat compléte et renforce la théorie autrichienne des prix en démontrant que, de manière ultime, toute propriété est nécessairement le produit de l'incorporation d'une chaîne d'actions passées, présentes ou même futures.A partir de cette intuition, que lorsque nous échangeons des biens nous payons les actions d’autres personnes, Bastiat développe une analyse particulièrement élaborée de la relation entre la valeur, d'une part, et, d'autre part, le produit de l'incorporation des actions humaines aux ressources naturelles.Bastiat insiste pour que l'on sépare l'utilité des services rendus par les ressources naturelles et celle qu'apportent les services humains. Seule l'utilité des services humains entretient un rapport avec la propriété et la valeur, alors que les services rendus par les ressources naturelles n'en ont aucun. L'utilité apportée par la nature n'entraîne donc aucune incidence sur les prix, qui, eux, sont exclusivement déterminés par l'utilité des actions humaines. Autrement dit, tant l'action humaine que les forces naturelles produisent des effets utiles, mais on ne paie jamais que pour la seule utilité dérivée des actions humaines, alors qu'on ne paie jamais pour une quelconque utilité rendue par la nature. Cette dernière est toujours gratuite, au sens qu'elle est toujours disponible pour celui qui prend la peine de la "recueillir" en s'appropriant une ressource qui, à l'état naturel, n'appartient encore à personne. Bastiat écrit : " Des chapitres précédents et notamment de celui où il a été traité de l'Utilité et de la Valeur, nous pouvons déduire cette formule : Tout homme jouit GRATUITEMENT de toutes les utilités fournies ou élaborées par la nature, à condition de prendre la peine de les recueillir ou restituer un service équivalent à ceux qui lui rendent le service de prendre cette peine pour lui. "En outre, comme les hommes s'efforcent continuellement d'accroître la productivité physique de leur travail grâce aux inventions, à la division du travail, à l'accumulation de capital, etc…, et qu'il ne peuvent y arriver qu'en maîtrisant toujours plus de forces naturelles dans leurs entreprises productives, il en résulte que la valeur des produits - c'est à dire leur prix en termes d'actions humaines passées, présentes ou à venir, sous le contrôle de celui qui achète - diminue constamment. " Que s’il intervient un instrument de travail, qu’en résulte-t-il ? " demande Bastiat. " que l'utilité est plus facilement recueillie. Aussi le service [qui consiste à recueillir cette utilité] a-t-il moins de valeur. Nous payons certainement moins cher les livres depuis l’invention de l'imprimerie. Phénomène admirable et trop méconnu !"Il s'ensuit que dans une société qui progresse grâce à l'augmentation du savoir technique, à l'accumulation de capital, et à d'autres facteurs qui augmentent la productivité physique des actions humaines, tout être humain bénéficie d'une utilité croissante à des prix toujours meilleur marché. Dans une telle société, on paie toujours pour l'utilité que procurent les services d'autres gens, mais on ne paie que pour cette utilité, alors que l'utilité croissante que nous tirons de l'exploitation toujours plus efficace que nous faisons des ressources naturelles, elle, vient gratuitement. Chaque être humain tire donc avantage de l'accroissement de la productivité physique du travail de tous, indépendamment de ses mérites personnels. Ces gains gratuits non liés au mérite s'ajoutent aux autres éléments de bien-être que la nature nous apporte et qui bénéficient également à chacun d'entre nous : l'oxygène que nous respirons, les effets de la gravité, l'ensoleillement…. Au fur et à mesure que ces utilités gratuites augmentent, l'importance relative des utilités pour l'accès auxquelles nous devons payer - les utilités qui découlent de l'action humaine - diminue constamment. Bastiat appelle ce phénomène "la communauté progressive" des êtres humains, insistant sans cesse sur le fait que : " Ce n'est pas l'ensemble des valeurs qui a diminué, c’est l'ensemble des utilités qui a augmenté. Ce n'est pas le domaine absolu de la Propriété qui s’est rétréci, c’est le domaine absolu de la Communauté qui s'est élargi. Le progrès n’a pas paralysé le travail, il a étendu le bien-être."
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